« Lecture soignée, fidélité à la partition, discernement exceptionnel, sensibilité, musicalité, technique et virtuosité : les sonates pour piano de Beethoven ont trouvé en ce jeune pianiste italien un interprète fidèle, engagé et chevronné. »
(Muzyka 21)
Natif de Catane en Sicile et installé à Côme, le pianiste Christian Leotta a la vingtaine radieuse et… prodigieuse. À 22 ans, il s’illustre en donnant l’intégrale des 32 sonates de Beethoven lors d’une série de récitals à Montréal en 2002; il devient ainsi le plus jeune pianiste à interpréter le cycle complet des sonates de Beethoven en concert depuis Daniel Barenboïm à Tel-Aviv en 1960. Suite à ce véritable marathon musical montréalais, Leotta sillonne la planète et répète l’exploit à 12 reprises dans des villes telles Madrid, Mexico, Rio de Janeiro, Vancouver, Venise et Québec. Parallèlement à ses récitals, Leotta entreprend l’enregistrement des sonates chez ATMA Classique. Les deux premiers albums récoltent les éloges de la presse internationale et le second était couronné d’un « CD du mois » par la revue polonaise Muzyka 21. Le troisième des cinq disques à paraître sera enregistré en juin 2009 en Italie.
Comment un jeune homme de 22 ans se lance-t-il dans une telle entreprise ? Le père de Leotta y est sans doute pour quelque chose, lui qui offrait en cadeau à son fils de 11 ans l’intégrale des sonates de Beethoven par Barenboïm… Bien qu’encore enfant, Christian est profondément ému, tout particulièrement par l’opus 111 et son Ariette, et décide d’apprendre la pièce.
Leotta avoue par ailleurs avoir été influencé par l’un de ses professeurs, Karl Ulrich Schnabel, qui l’a encouragé à étudier l’ensemble des 32 sonates. Fait à souligner, en étudiant auprès de Schnabel, Leotta s’inscrivait à la suite d’un impressionnant lignage de musiciens qui remonte directement à Beethoven. Karl Ulrich est le fils du légendaire Arthur Schnabel, lui-même élève de Theodor Lesketizky. Ce dernier a étudié auprès de Carl Czerny, élève du grand Beethoven. Leotta reconnaît également devoir à l’emblématique Rosalyn Tureck l’acquisition d’un des plus importants préceptes qu’un musicien puisse suivre : un interprète doit pouvoir véhiculer une idée musicale complexe, sans ériger de barrières entre le compositeur et les auditeurs.
Si Ludwig van Beethoven s’avère le pivot de la carrière musicale de Christian Leotta, le pianiste possède néanmoins un vaste répertoire, qui inclut les Bach, Chopin, Debussy, Bartók, Liszt, Mozart, Schubert et bien d’autres. Il reste qu’au cours de ses derniers engagements, son programme vedette fut assurément le cycle complet des cinq concertos pour piano et la Fantaisie chorale de Beethoven, donné lors d’une série de concerts sur la scène du magnifique Teatro Degollado de Guadalajara au Mexique.
Chez lui comme sur la route, Christian Leotta dévore les livres; de Sénèque à Kant, en passant par le sociologue Georg Simmel, le pianiste se replonge par ailleurs volontiers dans la Comédie humaine de Balzac et se délecte des romans de ses compatriotes siciliens Giovanni Verga et Luigi Pirandello.
Aussi, Leotta éprouve depuis l’enfance une réelle fascination pour la géographie et l’architecture, deux passions qu’il peut aisément nourrir dans le cadre idyllique du Lac de Côme et de ses environs. « Lorsque mon horaire le permet, j’aime voguer sur le lac, admirer le cortège des agglomérations et splendides villas, ces mêmes lieux où Bellini et Liszt composaient leur musique. »
Si les pianistes de sa génération sont peu enclins à concentrer leur répertoire de concert et d’enregistrement aux œuvres de Beethoven, Leotta assume pleinement son choix. Dans une entrevue accordée au journal La Provincia de Côme, Leotta affirme : « Beethoven est à la musique ce que Kant est à la philosophie et Dante à la poésie. Universelle, sa musique fut, est, et sera toujours porteuse de sens. Je considère chacune des milliers d’heures passées en sa compagnie comme un immense privilège. »
Par Luisa Trisi,
Traduit par Marie-Elizabeth Roy