Se définissant elle-même comme une « preneuse de risque », la harpiste Jennifer Swartz se passionne pour le développement de nouveau répertoire pour son instrument. Trop souvent associée aux visions célestes, anges et autres créatures éthérées, la harpe est victime de sa propre iconographie. Il n’est donc pas étonnant qu’en voulant sortir des sentiers battus, Jennifer Swartz soit considérée comme une pionnière. Son esprit novateur imprègne d’ailleurs Le Jardin des paons, son tout dernier enregistrement sous étiquette ATMA. Enregistré avec son amie d’enfance Lori Gemmell au cœur d’une tempête de neige montréalaise, l’album inclut Raga, une œuvre de Caroline Lizotte pour 2 harpes, inspirée de la musique classique indienne ; une composition d’Andy Creeggan du groupe torontois Barenaked Ladies ainsi qu’une pièce du guitariste, bluesman et rocker Eric Clapton.
Le stéréotype de la harpiste effacée, flottant dans d’interminables robes ne tient pas la route avec Jennifer Swartz. Jonglant avec un horaire digne d’un p.-d.g. de grande entreprise, Swartz occupe deux postes parmi les plus convoités de la scène musicale canadienne : harpe solo à l’Orchestre symphonique de Montréal et directrice du programme de harpe à l’Université McGill. De plus, Jennifer Swartz donne des récitals, des concerts de musique de chambre et se produit au sein du quatuor de harpes The Four Seasons avec Lori Gemmell, Caroline Lizotte et Caroline Léonardelli. Enfin, lorsque leur emploi du temps coïncident, Jennifer partage la scène avec son frère Jonathan, violoniste et professeur à l’Arizona State University.
Très tôt, le talent et l’énergie formidables de Jennifer Swartz laissent deviner une carrière précoce. À 8 ans, elle suit ses premières leçons de harpe. Trois ans plus tard, elle est boursière du Conservatoire royal de musique de Toronto. Jennifer obtient ensuite un diplôme du prestigieux Curtis Institute of Music (Philadelphie). Puis, alors qu’elle poursuit ses hautes études à l’Université McGill auprès de Judy Loman, elle obtient le poste de harpe solo à l’Orchestre philharmonique de Calgary. Elle y demeurera pendant une année avant d’occuper la même fonction à l’Orchestre symphonique de Montréal.
Dynamique, Madame Swartz ? Disons simplement que la musicienne a profité d’une année sabbatique pour enregistrer 3 CD en 12 mois ; on a vu d’autres moyens de se détendre… Parmi ces 3 CD, on note bien sûr Le Jardin des paons, son sixième disque paru chez ATMA Classique. Sous la même étiquette, on note par ailleurs l’album Autour de la harpe (ATMA) – l’un des 20 meilleurs disques 2006 selon le quotidien montréalais The Gazette – ainsi que Nino Rota, Concerto for Harp and Orchestra: La Strada, lauréat du Prix Opus du meilleur enregistrement classique en 2004. Enfin, Jennifer Swartz enregistrera bientôt chez ATMA un disque entièrement consacré à Benjamin Britten avec le ténor Lawrence Wiliford.
Aussi déterminée et absorbée qu’elle soit par sa brillante carrière, Jennifer affiche un air délicieusement espiègle lorsqu’elle avoue son plaisir à se livrer à des aventures musicales en dilettante, comme jouer du bluegrass ou de la musique klezmer sur son violon, alors que son ami l’accompagne à la mandoline. Le couple partage une maison dans la région du Parc de la Gatineau, où Jennifer passe la moitié de son temps, l’autre moitié étant consacrée à ses engagements à Montréal. Les deux aiment s’adonner à la danse/improvisation, une technique de danse qui rappelle l’improvisation musicale. Actuellement fiancée, Jennifer a hâte d’entamer la stimulante séance d’improvisation que sera la vie avec son conjoint et ses deux enfants.
Luisa Trisi
Traduit par Marie-Elizabeth Roy