LA MUSIQUE POUR UN TEMPS : des musiciens parlent de leur vie pendant la pandémie de COVID-19
La pandémie de COVID-19 a transformé notre façon de vivre et de travailler. Les musiciens sont particulièrement affectés : les salles de concert demeurent fermées et leurs auditoires sont devenus virtuels. À la lumière de cette réalité en évolution, nous lançons une nouvelle série de courtes entrevues avec des artistes qui enregistrent sous étiquette ATMA Classique, au sujet de leur vie au temps de la pandémie.
Notre édition inaugurale met en vedette nulle autre que la soprano Karina Gauvin, dont le plus récent enregistrement, Nuits blanches, a été lancé en mars 2020.
Quelle a été votre dernière prestation en salle avant le début du confinement?
La Messe en do de Beethoven, au Carnegie Hall, avec l’Orchestre de St. Luke’s. Dans les jours qui ont suivi, toutes les mesures ont commencé à se déployer…
En quoi votre routine quotidienne a-t-elle changé au cours de la pandémie?
Pour une cantatrice en tournée internationale comme moi, il n’existe pas de véritable « routine quotidienne ». Mes activités diffèrent de jour en jour et d’une semaine à l’autre. Ce que je constate, c’est que depuis le confinement, j’ai justement plus de temps pour m’établir une routine!
Quel aspect trouvez-vous le plus difficile dans cette nouvelle réalité que nous vivons tous?
C’est l’impossibilité de rendre visite à ma mère, à mes amis, à ma famille, ou d’aller au restaurant ou au café sur un coup de tête… des choses que nous tenions pour acquises avant le confinement.
Comment vous occupez-vous depuis l’interruption des concerts en salle?
J’aime commencer ma journée par des étirements, une promenade et une méditation matinale. Puis je fais un peu de bureau, ou je me prépare à explorer le répertoire pour les petites vidéos que je partage toutes les semaines sur Facebook et YouTube. J’étudie beaucoup de chansons avant d’en choisir une. J’ai aussi quelques nouveaux projets auxquels je réfléchis et travaille. Je lis des auteurs inspirants pour entretenir mes pensées positives. Je vais à l’épicerie à pied et, bien entendu, j’essaie de nouvelles recettes. Et comme tout le monde sur la planète, j’ai enfin le temps de faire le ménage de ces fichus tiroirs qu’on n’ouvre jamais. Enfin, en soirée, j’aime bien me promener à pied. L’autre soir, je me suis retrouvée au beau milieu d’une rue habituellement achalandée. Il n’y avait absolument aucune voiture en vue, personne non plus sur les trottoirs, c’était le calme total, paisible, exaltant. Je n’aurais jamais pensé vivre rien de tel au cœur d’une ville.
Vers quelle musique vous tournez-vous le plus souvent depuis l’éclosion de la pandémie?
J’écoute un tas de choses différentes. Récemment, j’ai fait le ménage de mes CD… Oui, j’ai encore des CD! La meilleure chose à écouter quand on fait le ménage, c’est de la chanson pop : Michael Jackson, Black Eyed Peas, John Legend. Ensuite, je me tourne vers la Passion selon saint Matthieu de Bach; c’est exactement ce que mon cœur désire actuellement.
Cette période d’isolement a-t-elle eu de bons côtés ou des avantages imprévus pour vous?
Cette pause m’a donné l’occasion de me consacrer à mon développement personnel, à une introspection approfondie. C’est le moment de faire une véritable autoréflexion et de prendre conscience de soi et de son entourage. Comment allons-nous agir dans l’avenir? C’est maintenant le temps de se poser ce genre de questions.
Auriez-vous un conseil à nous donner pour nous aider à traverser cette période d’incertitude?
Méditez. Ça peut vous sauver la vie… avec quelques mochis glacés pour couronner le tout!